Égypte, sur les traces de Bonaparte et de Desaix

Du lundi 19 au vendredi 30 septembre 2011
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L’Egypte est un pays mythique. Sa civilisation antique fascine toujours et les plus grands conquérants occidentaux l’ont conquise : Alexandre, César et Bonaparte. Grâce à ce dernier on a redécouvert la culture de l’époque pharaonique et Champollion a pu déchiffrer les hiéroglyphes, clés de la compréhension des textes jusque-là restés mystérieux.

Le lundi 19 septembre 2011, nous sommes 10 à décoller de Roissy-Charles de Gaulle. Après un agréable vol sur Egyptair, nous arrivons au Caire alors qu’il fait nuit. Nous sommes accueillis par notre guide, le docteur Omaïma El-Shal, et nous sommes transférés à notre hôtel, le Grand Pyramids de Gizeh. Tout y est immense, le hall d’accueil, la piscine, les chambres… avec heureusement la climatisation car il fait encore très chaud.

Le mardi 20 septembre, est consacré aux pyramides avec les sites de Gizeh, de Dahchour et de Saqqarah.

A 8 h 30, nous sommes sur le site de Gizeh où s’élèvent les pyramides des pharaons de la IVe dynastie. Bonaparte vint les visiter le 18 septembre 1798 avec plusieurs savants de l’expédition et des généraux de l’armée d’Orient. Il les mit au défi d’escalader la pyramide de Kheops et ce fut Monge qui parvint le premier au sommet.

Comme Bonaparte et ses compagnons, nous sommes écrasés par la masse de la Grande pyramide, la pyramide de Kheops (Khufu en égyptien), 5 000 000 de tonnes, excusez du peu. Nous entreprenons d’y pénétrer. Arrivés dans la grande galerie, j’explique la théorie de Jean-Pierre Houdin sur la construction de la pyramide et nous retrouvons les traces décrites par cet architecte français à l’appui de sa démonstration.

L’ascension se poursuit et nous pénétrons dans la chambre du roi. A l’ouest subsiste un sarcophage en granit, sans couvercle. Dans cet espace exigu de 10,47 mètres sur 5,23 mètres, où règne la pénombre, nous nous trouvons malgré nous impressionnés. Nos esprits vagabondent jusqu’à 4 500 ans en arrière.

De retour à l’air libre, nous faisons le tour de la pyramide et découvrons les divers édifices qui la ceignent, dont les fosses des barques solaires.

Nous devions visiter la chambre funéraire de Khephren (Khafrê en égyptien), mais elle est fermée et nous allons donc voir celle de Mykérinos (Menkaurê en égyptien), nous ne perdons pas au change.

Notre autocar nous dépose tout près de la pyramide du petit-fils de Khufu et nous y pénétrons. Alors que pour avoir accès à la chambre funéraire de la Grande pyramide il faut entreprendre une ascension, pour celle de Menkaurê il faut descendre, plié en deux. Le boyau est étroit mais en bas il y a plusieurs antichambres et si la chambre funéraire est plus petite que celle de Khufu, on peut accéder à son toit et comprendre le travail de l’architecte.

Après cette plongée dans les entrailles de la pyramide et dans le temps, nous gagnons un espace qui nous permet d’embrasser d’un seul coup d’œil les trois grandes pyramides de Gizeh, puis nous nous rendons au sphinx que nous atteignons à 11 h 10. A l’époque de l’expédition d’Égypte, il était ensablé et seule la tête et le sommet du corps étaient apparents.

Sous la conduite du docteur Omaïma El-Shal, nous (re)découvrons ce site énigmatique avec le complexe funéraire de Khafrê. Il est bien sûr évoqué l’anecdote malveillante selon laquelle les soldats de Bonaparte auraient tiré au canon sur le sphinx et auraient détruit son nez. On sait les dégâts que cause la calomnie. Heureusement, dans cette occurrence, il existe des gravures du sphinx antérieures à l’expédition d’Egypte de Bonaparte et il y apparaît déjà privé de son appendice nasal.

Au bout d’une heure nous allons déjeuner au restaurant El Ezbah où nous attend un buffet oriental, puis nous arrivons à Dahchour à 14 h 00. Alors qu’à Gizeh il y avait un peu de monde, là nous sommes seuls.

La pyramide Rhomboïdale du pharaon Snéfrou, père de Khufu, est impressionnante. Elle est haute de 105 mètres et ses quatre faces à deux pans sont intrigantes. Cela résulte d’un changement de plan intervenu durant la construction.

Nos pas nous mènent à la pyramide satellite que nous escaladons. De son sommet nous avons une vue superbe sur le désert et sur la vallée du Nil, ainsi que sur la pyramide d’Amenemhat III.

Nous prenons ensuite la direction de la pyramide Rouge de Snéfrou, première pyramide à faces lisses. Je me fais déposer quelques centaines de mètres avant la pyramide pour marcher et mieux m’imprégner des lieux. Je rejoins le groupe à l’intérieur après une très longue descente dans un boyau où on progresse coupé en deux. Il donne accès à deux antichambres puis à la salle funéraire. Les plafonds en encorbellements témoignent de l’ingéniosité des architectes pour éviter l’écrasement des salles et à l’exception d’une jeune anglaise, nous sommes seuls, ce qui contribue à la quiétude de la visite.

Nous achevons notre découverte des pyramides par le site de Saqqarah où nous voyons la pyramide à degrés et le complexe funéraire de Djoser (IIIe dynastie), ainsi que le mastaba d’Inut (nous devions visiter celui du vizir Mereruka, mais il est fermé). Là encore, nous sommes les seuls visiteurs.

Après cette journée intense, nous allons dîner à l’hôtel, puis nous revenons à Gizeh pour assister au son et lumière à 20 h 30. Il y a une petite brise très agréable et le spectacle est superbe avec comme décor les trois grandes pyramides et le sphinx.

Avant de regagner l’hôtel, nous nous arrêtons au bar du Mena House, hôtel dans lequel logea l’impératrice Eugénie lorsqu’elle vint assister à l’inauguration du canal de Suez. Ce fut aussi la résidence du maréchal Montgomery pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le mercredi 21 septembre, c’est la visite du Caire. Nous commençons par nous rendre à la citadelle de Saladin. Là, nous visitons le musée militaire et plus particulièrement une salle consacrée à l’expédition d’Egypte. Il y a en fait peu de choses intéressantes à ce sujet, si ce ne sont un plan du Caire à l’époque, une maquette du quartier général de Bonaparte et un tableau représentant l’assassinat de Kléber le 14 juin 1800.

Nous poursuivons par la mosquée de Méhémet Ali (1769-1849), fondateur de l’Égypte moderne. Construite dans le style turc, elle abrite le tombeau de celui qui fut vice-roi d’Egypte.

Nous quittons la citadelle pour gagner le Vieux-Caire. C’est là que logea la division Lannes en 1798. C’est aujourd’hui le quartier copte que nous visitons avec intérêt. L’église la Suspendue est de toute beauté et la quiétude y règne. La chaire, datant du XIe siècle, est en marbre et repose sur treize piliers représentants le Christ et ses apôtres.

Peu après, nous pénétrons dans l’église Saint-Serge toute proche. Selon la tradition, la sainte Famille se serait abritée dans la crypte avant de quitter l’Egypte.

Ensuite, notre autocar nous mène au nilomètre. Situé à l’extrémité méridionale de l’île de Roda ce puits servait à mesurer la hauteur du Nil. Lorsque la hauteur de l’eau atteignait 16 coudées, on rompait la digue placée à l’entrée du canal qui reliait le Nil au Caire et le fleuve portait la fertilité dans la campagne du Caire. Bonaparte et les savants assistèrent à la fête du Nil le 18 août 1798.

Nous achevons nos visites du matin par la maison Beit es-Sennari.Bâtie en 1794 par l’occultiste soudanais Ibrahim Katkhouda es-Sennari, elle fut réquisitionnée pour y loger des savants dont Jollois, Villiers du Terrage, Redouté, Rigo…

C’est dans un cadre magnifique que nous allons déjeuner. Le restaurant Sear Horse est une terrasse ombragée dominant le Nil. Nous y sommes presque seuls et dégustons une cuisine égyptienne typique, arrosée de l’inévitable bière Stella.

A 14 h 30, nous sommes à Midan-el-Tahir, au musée égyptien dont les plans sont de l’architecte français Marcel Dourgnon et qui fut aménagé par un autre Français, Gaston Maspero.

Le docteur Omaïma El-Shal nous présente d’abord le trésor de Toutankhamon dont la partie la plus précieuse est exposée dans une salle sombre et climatisée. On y trouve les sarcophages en or et les bijoux.

Les deux salles des momies sont dérangeantes. Car ce sont bien des êtres humains morts qui sont exposés à nos regards indécents. Là, nous rencontrons Thoutmosis III, Séthi Ier, Ramsès II, Hatchepsout…

La suite de la visite est plus légère avec la salle amarnienne, les statues colossales d’Aménophis III et de la reine Tiyi, les pyramidions, la palette de Narmer, les oies de Meidoum, la triade de Mykérinos, etc.

Quand nous quittons le musée, après quatre heures de visite, il fait nuit. Nous faisons un tour de ville en autocar, notamment pour voir la place Ezbekieh où Bonaparte avait son quartier général, puis nous rentrons dîner au Grand Pyramids.

Le jeudi 22 septembre, nous quittons Le Caire pour Louxor où nous atterrissons à 6 h 45. Immédiatement un autocar nous amène au temple d’Amon de Louxor. A 7 h 35, notre visite commence. Le ciel est bleu, le soleil brille, cela change du ciel plombé qui couvre Le Caire.

Après l’allée des sphinx de Nectanébo Ier et le premier pylône de Ramsès II, nous pénétrons dans le temple essentiellement réalisé par Aménophis III. Il mesure 260 mètres de long sur 50 de large. Le changement d’axe entre les deux parties du temple vient de la réorientation au moment où Ramsès II l’agrandit. Le décalage entre le nouvel axe et celui d’Aménophis III correspond au décalage angulaire entre les points d’observation du lever héliaque de Sirius, qui permettait d’orienter correctement le temple à l’Est, à l’époque d’Aménophis III et à celle de Ramsès II. Nous sommes presque seuls en ces lieux sacrés et malgré quelques bruits de circulation automobile à l’extérieur, nous sommes hors du temps et de l’espace.

En fin de matinée, nous nous installons à bord du M/S Nile Crown I et après le déjeuner nous allons à Karnak, le plus grand complexe religieux de l’Egypte antique. Desaix, à la poursuite de Mourad-Bey, y parvint le 27 janvier 1799.

Dans l’immense hall des visiteurs, qui est vide, nous découvrons une très belle maquette qui présente les temples du site.

Pendant près de quatre heures, nous visitons les temples d’Amon et de Khonsou : l’allée des Piliers, le colosse de Ramsès II, la salle hypostyle, l’obélisque d’Hatchepsout, Ahk Menou le temple jubilaire de Thoutmosis III dont les colonnes ont la forme de piquets de tente, le lac sacré…

En début de soirée, nous faisons un arrêt sur la corniche de Louxor, qui domine le Nil, puis nous retournons à bord de notre bateau, le Crown I. 

Le vendredi 23 septembre, nous partons très tôt pour Abydos, centre du culte osirien. A 9 h 30 nous débutons la visite du temple de Séthi Ier, pharaon qui vécut au XIIIe siècle avant Jésus-Christ. C’est assurément l’un des plus beaux temples de toute l’Egypte. A l’origine il faisait 165 mètres de long, mais aujourd’hui 75 seulement. Débuté sous Séthi Ier, il fut achevé par son fils Ramsès II. Le complexe osirien est particulièrement remarquable, ainsi que le couloir des rois dans lequel un mur présente la Table d’Abydos, soit les cartouches de 76 pharaons depuis Narmer jusqu’à Séthi Ier. Derrière le temple se trouve l’osiréion, cénotaphe de Séthi Ier.

Ensuite, le docteur Omaïma El-Shal nous mène à pied au temple de Ramsès II, distant de quelques centaines de mètres. Comparé à celui de Séthi Ier il paraît insignifiant car il n’en subsiste pour l’essentiel que des pans de murs et des soubassements. Mais il présente néanmoins un intérêt certain.

En milieu de journée nous nous dirigeons sur Denderah que nous atteignons à 14 h 30 après un repas dans l’autocar.

Alors qu’à Abydos nous avons pu admirer des temples du Nouvel Empire, nous découvrons  maintenant un temple de l’époque ptolémaïque, mais quel temple ! Dédié à la déesse Hathor, il comprend un plafond astronomique exceptionnel, un zodiaque célèbre (dont l’original est au Louvre), la salle des offrandes, le « siège vénérable », le corridor des mystères avec ses onze chapelles initiatiques. Là, étaient célébrés les mystères de la naissance.Dans une des cryptes, une scène représente la naissance du dieu Horsemataouy (Horus qui unit les deux terres), fils d’Hathor. A l’arrière et à l’extérieur du temple une scène montre Cléopâtre et son fils Césarion faisant des offrandes à Hathor et à Horus. Le temple fut atteint par Desaix le 24 janvier 1799 et des inscriptions françaises figurent sur les rebords de la terrasse, côté façade et au centre vers les crochets de métal.

En fin d’après-midi, nous retournons à Louxor où nous faisons quelques achats sur la corniche, puis nous regagnons notre bateau.

Le samedi 24 septembre, nous commençons la découverte de la nécropole thébaine. Dès 6 h 40 nous sommes au Ramesseum, le temple d’éternité de Ramsès II. Il a beaucoup souffert mais présente quelques parties particulièrement intéressantes : le premier pylône, la salle hypostyle, le bas-relief d’Amon, les chapiteaux des colonnes de la salle hypostyle, les colonnes osiriennes et, gisant sur le sol, la tête et les épaules de l’immense colosse de Ramsès « Soleil des princes. »

Une heure plus tard nous sommes à Deir el-Bahari pour visiter le temple funéraire de la reine Hatchepsout, qui confisqua le pouvoir aux dépens de son neveu Thoutmosé III. Le cadre est grandiose. Le temple est dominé par une immense falaise et il est précédé d’une esplanade large et longue qu’on traverse avec un petit train électrique. Le temple est dans un état de conservation excellent et nous visitons la chapelle d’Hathor, la chapelle d’Anubis, la colonnade de la naissance d’Hatchepsout, les bas-reliefs de l’expédition de Pount, le sanctuaire d’Amon, les statues d’Hatchepsout…

Notre troisième étape du matin est Médinet Habou, l’impressionnant temple funéraire de Ramsès III, le dernier grand pharaon, qui vécut au XIIe siècle avant J.-C. Le lieu est immense et très bien conservé. Les pylônes et les murs présentent des scènes magnifiques comme Ramsès III à la chasse et à la guerre, notamment contre les peuples de la mer.

Notre autocar nous mène en fin de matinée à la rive occidentale du Nil que nous traversons en bateau pour visiter le musée de la momification. Il est tout simplement superbe. Très moderne et climatisé, il présente dans la pénombre la momie de Maseharti, fils de Pinedjem, XXIe dynastie, provenant de Deir-el-Bahari. Il fut haut prêtre d’Amon-Rê et général de l’armée de pharaon. Le circuit permet de comprendre le processus de la momification et dans les différentes vitrines on voit notamment un très grand pilier djed, une momie de baboin, une momie de crocodile, un lit de momification, une clé ankh de la tombe d’Aménophis II (50 cm), les outils chirurgicaux et les produits utilisés lors des momifications. Une vitrine présente quatre magnifiques vases canopes destinés à recueillir les viscères. On reconnaît le chacal, Duamutef (estomac), le babouin, Hapy (poumons), le faucon, Qebehsenuef (intestins) et la tête humaine, Imesti (foie).

Après cette matinée merveilleuse, nous déjeunons à bord du Crown I et levons l’ancre à destination de la Nubie. L’après-midi est notre premier moment de repos après quatre jours et demi de visites intenses et de réveils (très) matinaux. Je redécouvre avec délices la beauté des paysages de la vallée du Nil avec la végétation autour du fleuve et en arrière-plan le désert.

Ce moment de navigation est agrémenté de bains dans la piscine du pont supérieur depuis lequel nous admirons la vue.

Le dimanche 25 septembre, nous accostons très tôt à Edfou. A 7 h 05 nous partons en calèches pour découvrir le temple ptolémaïque dédié à Horus, faucon céleste dont l’œil droit est le soleil et l’œil gauche la lune. Dans le mythe osirien, Horus est le fils d’Osiris et d’Isis. Il incarne l’ordre et il est un des garants de l’harmonie universelle.

Le sanctuaire conserve encore son naos, devant lequel on peut admirer la barque du dieu Horus reconstituée par Auguste Mariette. Le « corridor des mystères » tourne autour du sanctuaire et dessert 10 chambres. Sur le premier pylône, côté cour, des traces d’impacts de balles, témoignent des combats entre les troupes de Desaix et les Mamelouks. Sur un des murs du déambulatoire, une série de scènes montre Horus combattant son oncle Seth, qui a assassiné son frère Osiris, père d’Horus.

Au bout de deux heures, nous regagnons notre bateau et la navigation se poursuit, paisible.

Le soleil se couche quand nous arrivons à Kom Ombo pour visiter le temple ptolémaïque dédié au culte de deux divinités vénérées sur un pied d’égalité : Haroëris, le dieu à tête d’épervier et Sobek, le dieu crocodile. Nous déambulons dans le temple magnifiquement éclairé et admirons les imposants vestiges avant de remonter à bord.

Le lundi 26 septembre, nous nous réveillons à Assouan. A 7 h 20, nous sommes sur le grand barrage et admirons le lac Nasser. Sur sa rive occidentale, nous apercevons le temple de Kalabshah. Après la visite du barrage, nous redescendons en direction de l’île de Philae pour visiter le temple d’Isis. En réalité, il se situe sur l’île Agilka depuis son déplacement lors de la construction du grand barrage dans les années 1960. L’île de Philae est aujourd’hui presque totalement sous les eaux.

Le temple, commencé par Nectanébo Ier et construit par les Ptolémées, fut, pendant des siècles, le domaine d’Isis, femme, épouse, mère universelle et magicienne qui régnait sur la vie, la mort et la résurrection.

En tant que déesse-mère, elle était associée à l’Inondation, dispensant ses bienfaits sur l’Egypte. Son culte fut actif jusqu’au VIe siècle après Jésus-Christ.

Selon la légende, Isis engendra Horus, fils d’Osiris, sur la colline émergée, dont le domaine se situe en face, sur l’île de Bigeh. Isis, après avoir rassemblé les morceaux du corps de son époux tué par Seth, fabriqua la première momie qu’elle cacha à Bigeh. Le grand temple de la déesse, théâtre d’importantes fêtes cultuelles, fut l’un des sanctuaires les plus importants d’Egypte et de Nubie. Nous ne manquons pas d’admirer, sur la porte du premier pylône, le texte gravé par Castex en hommage à l’armée d’Orient.

Près du temple d’Isis, côté Nord, la porte d’Hadrien, vestige d’une chapelle dédiée à Osiris, montre les derniers hiéroglyphes égyptiens connus, inscrits au IVe siècle de notre ère. Côté Sud, se dresse le kiosque inachevé de Trajan.

En fin de matinée, nous visitons un institut du papyrus, puis nous allons dans une carrière de granit pour contempler l’obélisque inachevé. Pendant la taille, il s’est fendu et a été laissé en l’état. On comprend ainsi comment procédaient les Egyptiens pour façonner leurs obélisques.

Nous déjeunons à bord du Crown I puis, en début d’après-midi, nous nous promenons en felouque sur le Nil. Nous sommes déposés sur l’île Kitchener pour apprécier le jardin botanique aménagé par ce lord anglais. Nous avons une belle vue sur le désert et sur la Qubbet el-Hawa, colline de la rive occidentale du Nil, qui culmine à 130 mètres et abrite de nombreuses tombes de dignitaires. Nous empruntons ensuite un petit bateau à moteur pour nous promener au niveau de la première cataracte et visiter un village nubien. Au retour, nous passons sous les murs du Old Cataract, hôtel mythique d’Assouan. Il fait nuit quand nous nous y rendons. Mais c’est le soir de l’inauguration après de longs travaux. Il y a une foule de limousines, des ministres, des personnalités. Grâce au docteur Omaïma El-Shal, l’Académie Napoléon est autorisée à pénétrer et à se rendre au bar qui domine le Nil. Là, Georges Danthu et moi-même offrons le champagne : Moët et Chandon, brut impérial évidemment. Une brise nous rafraîchit et nous sommes bercés par la harpe de Jasmine, une ravissante Egyptienne. Après une heure et demie passée dans ce cadre enchanteur nous retournons à bord.

Le mardi 27 septembre, réveil à 3 h 00 ! Destination Abou Simbel en autocar. Nous y sommes un peu avant 8 h 00 et visitons les deux temples sauvés par l’Unesco dans les années 1960. Ils menaçaient d’être inondés par la construction du nouveau barrage d’Assouan, ont été relevés de plusieurs dizaines de mètres et placés sous des collines artificielles.

Le grand temple est un hémispéos construit à l’origine dans la colline de Méha. Il est voué au culte d’Amon, de Rê-Harakhtès, de Ptah et de Ramsès II déifié dont les statues ornent le sanctuaire. Il est taillé dans la roche pour sa majeure partie, y compris la façade composée de quatre statues colossales de Ramsès II assis, ainsi que d’autres statues, bas-reliefs et frises.

Le petit temple est un spéos construit à l’origine dans la colline d’Ibshek. Il est voué au culte de Néfertari déifiée sous les traits d’Hathor. Il est taillé dans la roche en totalité, y compris la façade composée de six statues colossales de Ramsès II et de Néfertari ainsi que d’autres statues, bas-reliefs et frises.

Vers 13 h 00, nous sommes de retour à Assouan et nous voguons vers Louxor. En fin d’après-midi, nous nous arrêtons à Kom Ombo, puis poursuivons la navigation.

Le mercredi 28 septembre, nous arrivons à Esnah. A partir de 13h30, nous visitons le temple ptolémaïque dédié à Khnoum, le dieu potier qui pétrit l’humanité

Construit par Ptolémée VI (-180 à -164), il est 9 mètres au-dessous du niveau des rues, à cause de l’accumulation de débris et de limon. On ne voit et visite que la salle hypostyle, mais elle est superbe avec les textes sur les colonnes qui décrivent les festivités de l’année sacrée d’Esnah, sous forme d’un calendrier schématique, les deux hymnes cryptographiques célébrant Khnoum – l’un écrit en hiéroglyphes de béliers et l’autre de crocodiles -, et le plafond astronomique datant de l’empereur Claude. Comme à Edfou, on relève au sommet du temple des impacts de balles rappelant les combats des soldats de Desaix contre les Mamelouks. Au bout d’une heure, nous remontons à bord et continuons vers Louxor où nous arrivons le soir.

A la fin du dîner, le personnel du restaurant chante en présentant aux convives le gâteau au chocolat réalisé par Marcel Bonniaud, membre de l’Académie Napoléon. Le dessert englouti, nous nous rendons au Winter Palace construit en 1886 dans un jardin tropical sur les berges du Nil. Dans ce décor colonial nous passons un excellent moment au bar puis regagnons le Crown I.

Le jeudi 29 septembre, nous effectuons nos dernières visites. C’est l’apothéose avec la vallée des rois. Nous y sommes à 6 h 30 et visitons les tombes de Ramsès I, Ramsès III, Ramsès IX, Ramsès VI et Toutankhamon. Dans cette dernière, petite et modeste nous avons la chance de voir la momie du roi, retirée du sarcophage et exposée dans une vitrine climatisée. C’est un moment assurément émouvant.

Toutefois, la plus belle des tombes que nous découvrons ce jour-là est celle de Ramsès VI. Elle est dans un état de conservation exceptionnel et les murs peints sont de toute beauté, surtout ceux de la chambre funéraire.

A 9 h 00, nous faisons une halte à la maison d’Howard Carter, une au magasin d’albâtre puis nous visitons la tombe de Ramosé, qui fut vizir d’Amenhotep III et d’Ahkenaton. Inachevée, car son propriétaire dut suivre son second maître à Akhetaton, elle comprend des peintures et des bas-reliefs magnifiques.

Le car nous conduit ensuite à la vallée des reines où nous visitons les tombes d’Amon-Her-Khepechef et de Khaemwaset, fils de Ramsès III, ainsi que celle de la reine Tyti, épouse de Ramsès III. Si cette dernière tombe est d’un faible intérêt, celles des fils de Ramsès III sont merveilleuses.

Nous reprenons la route qui mène au Nil et après un arrêt aux colosses de Memnon, nous traversons le fleuve en bateau pour visiter le musée de Louxor. Il recèle des trésors parmi lesquels les momies d’Amosé, premier pharaon de la XVIIIe dynastie (il instaure le Nouvel Empire), et de Ramsès I, premier pharaon de la XIXe dynastie. De nombreuses pièces concernent Touthmosé III, Amenhotep III et Akhenaton.

Nous déjeunons à bord du Crown I et nous passons l’après-midi à la piscine, profitant des derniers moments de contemplation du Nil. Lentement, le soleil se couche, notre expédition touche à sa fin.

Le soir, nous prenons un dîner oriental au restaurant El Hussein, puis nous nous envolons pour Le Caire où nous parvenons à 22 h 05. Nous sommes transférés rapidement à l’hôtel Iberotel Le Passage, proche de l’aéroport. Quand nous y arrivons il y a un bruit assourdissant dans le hall immense : on célèbre un mariage égyptien. En attendant d’avoir nos clés nous profitons du spectacle, des chants, de la musique et des danses.

Le vendredi 30 septembre, après une courte nuit, nous décollons du Caire à 9 h 35 et nous atterrissons à Roissy-Charles de Gaulle à 14 h 25. Notre campagne d’Egypte a été un franc succès, les visites nombreuses, intenses et nous prenons déjà rendez-vous pour la campagne de Russie du 31 août au 10 septembre 2012.

Ronald Zins