La Première campagne d'Italie

Du lundi 5 au dimanche 11 septembre 2016
Cliquez ici pour voir le reportage de notre fabuleux voyage

Pour le 220e anniversaire de la Première campagne d’Italie, l’Académie Napoléon a organisé un voyage en Italie pour marcher dans les pas de Bonaparte.

Tout commence à Nice le dimanche 4 septembre. La plupart des participants au voyage en Italie se retrouvent à l’hôtel Ibis centre gare et y rencontrent Gilles Abitbol, délégué pour Nice-Riviera, Daniel Mathieux, président de Pour le Panache, et plusieurs adhérents niçois dont le général Choux, président des membres de la Légion d’honneur des Alpes-Maritimes, et Marie-Edith Cattet. À 18 h 00, tous assistent à une conférence du président Ronald Zins intitulée : J’étais de l’armée conquérante d’Italie. En une heure, il présente la Première campagne d’Italie en s’interrogeant sur les moyens utilisés par Bonaparte pour vaincre quand ses prédécesseurs ont échoué. Il expose que tout est affaire d’hommes et il met en avant deux grands axes utilisés par Bonaparte pour tirer le meilleur parti de ses soldats –  l’émulation et la propagande (par le texte et par l’image) – s’appuyant parfois sur le Journal du général Desaix qu’il a publié il y a quelques années. En effet, en 1797 Desaix est allé rejoindre Bonaparte en Italie et il a laissé des témoignages de première importance pour comprendre la Première campagne d’Italie. Au terme de la conférence les participants vont dîner dans un restaurant de spécialités niçoises et se préparent pour le départ.

Le lundi 5 septembre, notre autocar nous attend devant l’hôtel Ibis et nous faisons la connaissance de Nicolas, notre chauffeur. À 8 h 00 nous sommes trente à prendre la route. Cette première journée est consacrée à la découverte des sites de quelques-unes des premières victoires de Bonaparte en Italie en 1796 : Montenotte le 12 avril, Millesimo le 13 avril, Dego les 14 et 15 avril, Lodi le 10 mai, cette dernière victoire lui permettant de s’emparer de Milan.

Empruntant l’autoroute, nous passons au-dessus de Monaco et de Menton pour longer ensuite la riviera italienne. Nous dominons la mer et les points de vues remarquables se succèdent. Arrivés à Savone, nous bifurquons sur notre gauche en direction de Millesimo où nous parvenons à 10 h 20 et où nous rencontrons notre guide pour la semaine à venir. Le ciel est bleu, le soleil brille. Nous admirons les vestiges du pont de La Gaietta, qui enjambe la Bormida et qui vit passer l’armée d’Italie, prenons un expresso délicieux au bar de l’hôtel La Gaietta et nous gagnons l’hôtel de ville, qui occupe l’ancien palais Del Caretto. Nous sommes reçus par le maire de Millesimo, Monsieur Pietro Pizzorno dont le bureau se trouve dans l’ancienne chambre occupée par Bonaparte au soir du combat de Millesimo et où Junot et Marmont lui présentèrent les drapeaux pris à l’ennemi. Après d’intéressants échanges, nous traversons la longue place du village et nous nous rendons à la Villa Scarzella pour visiter le musée napoléonien. Il renferme de belles gravures et quelques objets relatifs aux combats qui se sont déroulés au mois d’avril 1796 entre l’armée d’Italie et les armées sardes et autrichiennes. Au-dessus s’élève la colline de Cosseria couronnée par les ruines du château dans lequel Provera résista à plusieurs assauts de la division Augereau avant de capituler.

Nous prenons ensuite la route pour Montenotte, village distant de 15 km par la route. Nous y pénétrons par la porte Soprana, vestige du Moyen-Age et témoin de la bataille. Nous découvrons le centre historique avec ses belles ruelles ainsi que les hauteurs qui dominent la ville et où se déroulèrent de furieux combats. Nous passons ensuite près de Dégo où s’illustrèrent Masséna et Lannes, puis nous déjeunons à Oviglio, à l’ombre du romantique château du XIIIe siècle avec ses merlons en queues d’hirondelle.

L’après-midi, nous poursuivons vers Lodi où nous arrivons à 17 h 00. Nous commençons par découvrir le site où s’élevait l’ancien pont sur l’Adda, qui fut franchi par l’armée d’Italie sous le feu des Autrichiens. Nous visitons ensuite le centre historique qui a beaucoup de charme. Nous voyons l’église Sainte Marie-Madeleine, dont le clocher servit d’observatoire à Bonaparte le 10 mai 1796, puis nous arrivons sur la très jolie place de la Victoire où s’élève la cathédrale. Nous gagnons alors deux palais historiques. Rue du XX septembre, nous admirons le palais Pitoletti dans lequel Bonaparte fixa son quartier général au soir de la bataille de Lodi et dans le Corso Roma, nous nous arrêtons devant le palais Ghisi : c’est là que, le 11 mai 1796, Bonaparte rencontra Melzi d’Eril qui lui apportait les clés de la ville de Milan. Vice-président de la République italienne en 1802, Melzi d’Eril fut créé duc de Lodi en 1807. Nous dînons et passons la nuit dans le très agréable Una hôtel de la banlieue de Lodi.

Le mardi 6 septembre, nous roulons vers Valeggio sul Mincio où nous nous arrêtons pour voir le palais dans lequel Bonaparte faillit être capturé par les Autrichiens au soir du combat de Borghetto, le 30 mai 1796.

En effet, le quartier général français, établit à Valeggio, était dangereusement isolé sur la rive gauche du Mincio. Dans la soirée, des Autrichiens de la division Sebottendorf remontèrent cette rive, rentrèrent dans le bourg de Valeggio et parvinrent jusqu’au quartier général français. Le piquet d’escorte de Bonaparte n’eut que le temps de fermer la porte cochère et de crier aux armes. Bonaparte et son état-major s’enfuirent par les jardins situés derrière la maison, tandis que les soldats de Masséna franchirent le Mincio et mirent en fuite les hussards autrichiens.

Cet événement fit sentir à Bonaparte « la nécessité d’avoir une garde d’hommes d’élite stylés à ce service et chargés de veiller spécialement à sa sûreté. » Pour diriger cette garde, il fallait un homme de confiance, intelligent et intrépide. Il semble qu’en moins de deux mois, Lannes avait déjà pris l’ascendant sur tous les compagnons de Bonaparte. En effet, ce ne furent ni Murat, ni Junot, ni Marmont ou Muiron, que Bonaparte désigna. Pour veiller à sa sécurité il choisit Lannes. Le soir même de l’attaque du quartier général à Valeggio, il officialisa sa décision :

« Quartier général, Valeggio, 11 prairial an IV

Le chef de brigade Lannes est destiné à être employé près du général en chef. Il est particulièrement chargé de la sûreté du quartier général ; il fera, en conséquence, toutes les dispositions nécessaires suivant les circonstances et les positions de l’ennemi. Il est prévenu que les 6e et 7e bataillons de grenadiers sont destinés à la police du quartier général, ainsi que 50 guides à cheval et un piquet de 50 chevaux. Lorsque les grenadiers seront employés pour des expéditions particulières, il demandera au chef de l’état-major les forces qu’il croira nécessaires pour la sûreté du quartier général. Le chef de brigade Lannes est personnellement responsable de toutes les dispositions à ordonner pour l’exécution du présent ordre, et il se concertera avec les généraux de division à proximité du quartier général. »

Mais Lannes ne resta pas longtemps à ce poste de garde du corps, il était trop utile au combat et retourna rapidement à l’avant-garde.

Nous quittons Valeggio pour Arcole où nous déjeunons, puis nous allons visiter le musée consacré à la bataille et à Napoléon. Il présente de belles gravures, des tableaux, des objets et un diorama de la bataille qui dura du 15 au 17 novembre 1796.

Nous quittons un moment Arcole pour découvrir à Ronco la ferme qui fut le quartier général de Bonaparte pendant la bataille et où Lannes fut soigné de ses blessures.

De retour à Arcole, nous gagnons le célèbre pont, enfin celui qui a remplacé le pont de l’époque. Nous voyons l’Alpone, très encaissé, et la célèbre digue que les soldats français empruntèrent pour tenter de passer le pont. Sur la rive occidentale se dresse toujours l’obélisque érigé en 1810 pour commémorer la victoire française. C’est le seul monument commémoratif français que les Autrichiens ont laissé subsister (sur les supplications des habitants d’Arcole) après 1814.

Le ciel est chargé de gros nuages, percés régulièrement par les rayons du soleil, ce qui crée une atmosphère intemporelle et romantique lors de notre long arrêt sur ce lieu mythique de l’épopée napoléonienne.

En fin d’après-midi, nous nous mettons en route pour Noventa di Piave où nous séjournons au Base hôtel to Stay. Après le dîner, les éclaireurs habituels de l’Académie, Edwige et Alexandre, annoncent au président qu’ils ont découvert une auberge accueillante et plusieurs membres s’y rendent pour siroter un Spritz, la boisson à la mode en Italie depuis quelques années.

Le mercredi 7 septembre est consacré à Venise. Foyer de résistance à la Révolution française la République de Venise, en fait la doyenne des aristocraties, était dès les préliminaires de paix de Leoben (18 avril 1797) destinée à disparaître et ses territoires partagés entre l’Autriche et la France. Les Pâques véronaises et le canonnage d’un vaisseau français au large de Venise amenèrent Bonaparte à déclarer la guerre à la Sérénissime. Le 12 mai 1797, le Sénat vénitien, sur les supplications du doge, Ludovico Manin, vota la fin de la Sérénissime et s’en remit pour la suite à un gouvernement provisoire. Le 15 mai, le général Baraguey d’Hilliers embarquait à Mestre avec 3 000 hommes et prenait possession de Venise sans combattre. Les attributs du doge et le livre d’or de la noblesse vénitienne étaient solennellement brûlés. La Sérénissime avait vécu et par le traité de paix de Campo-Formio elle revenait à l’Autriche. Avant de l’évacuer, Monge et Berthollet dirigeaient vers la France tous les trésors que Bonaparte avait désignés : des toiles, des plafonds de Véronèse, de Titien et du Tintoret, des manuscrits grecs et latins, les quatre chevaux ornant la façade de la basilique Saint-Marc, que les Vénitiens avaient eux-mêmes pris à Constantinople en 1204 lors du pillage de la ville…

Par le traité de Presbourg (26 décembre1805), Venise revenait à la France et Napoléon s’y rendit en 1807. Des cérémonies grandioses eurent lieu pour l’occasion et il prit de nombreuses décisions pour réorganiser l’administration et lancer des travaux dans la ville et à l’arsenal.

Depuis notre hôtel nous nous rendons à l’embarcadère de la Punta Sabbioni où nous prenons un bateau pour gagner Venise. Le ciel est encore gris, mais le temps est agréable. La traversée nous enchante et au bout d’une demi-heure nous débarquons Riva degli Schiavoni. En quelques centaines de mètres nous sommes place Saint-Marc et nous gagnons l’Ala Napoleonica qui fait face à la cathédrale.

Lors de sa visite de Venise en 1807, Napoléon décida le réaménagement de l’aile ouest de la place Saint-Marc et ordonna la construction d’un palais impérial, qui n’était pas achevé en 1814. Les appartements impériaux, décorés initialement par Giuseppe Borsato, ont été restaurés et depuis quelques années ils présentent tout le faste napoléonien au sein duquel s’est agrandi le musée Correr. Nous découvrons notamment la célèbre statue monumentale de Napoléon en empereur romain, par Domenico Banti, en marbre de Carrare, réplique de Mars désarmé et pacificateur, par Canova (1806). Érigée, en 1810, place Saint-Marc, devant le palais des Doges, elle fut inaugurée le 15 août 1811. Abattue par la colère des Vénitiens après le départ des Français en 1814, elle a été longtemps oubliée, puis rachetée et présentée au musée… derrière une vitre de protection, car des Vénitiens ont tenté de la détruire : certaines mentalités n’ont pas évolué depuis deux cents ans. Il faut avouer que la statue, d’une hauteur de 2,44 mètres, n’est pas particulièrement belle. Nous avons préféré, dans le salon ovale, le magnifique buste de Napoléon par Luigi Pizzi.

Quand nous quittons le musée Correr le soleil brille et le ciel est bleu. Nous traversons la place Saint-Marc pour rejoindre le palais des Doges que nous visitons sous la conduite érudite de notre guide locale, Christina.

Le palais est entièrement décoré par les plus grands peintres, en particulier par Véronèse et Le Tintoret dont le talent s’affiche dans diverses salles : salle du Conseil des Dix, salle des Audiences, salle du Grand Conseil… Nous empruntons le pont des Soupirs pour découvrir les lugubres prisons de Venise et après la découverte d’autres salles, nous quittons le palais par le grandiose escalier des Géants dominé par les statues de Mars et de Neptune.

Après le déjeuner, nous regagnons la place Saint-Marc et notre groupe est réparti sur trois bateaux pour une navigation d’une heure afin de remonter le Grand Canal. Long de près de quatre kilomètres, il est bordé par plus de 170 édifices dont de magnifiques palais édifiés du XIIIe au XVIIIe siècles. Le soleil brille toujours, le ciel est bleu et une légère brise nous rafraîchit.

Au bout de 1200 mètres de navigation nous sommes devant le palais Balbi ; le 2 décembre 1807, depuis le balcon du premier étage, Napoléon assista aux joutes et au Jeu des Forces sur le Grand Canal.

Puis, les façades magnifiques défilent sous nos yeux, nous passons sous le Pont du Rialto, passons devant le palais Vendramin où mourut Richard Wagner, empruntons divers canaux qui nous mènent face à la Giudecca pour revenir par le Rio de San Trovaso sur le Grand Canal et nous arrêter au pont de l’Académie.

En quelques enjambées, nous arrivons au palais Loredan du Campo Santo Stefano. Là se tient l’Institut vénitien des sciences, lettres et arts, créé en 1810. C’est dans ce palais que s’était installé le général Baraguey d’Hilliers, gouverneur de Venise, et que le maréchal Marmont vécut à Venise : il y mourut le 3 mars 1852.

Au rez-de-chaussée nous admirons les bustes du panthéon vénitien des intellectuels italiens et alors que l’Institut est fermé au public nous sommes accueillis par Sebastiano Pedrocco et admis à titre exceptionnel pour voir, au premier étage, la fresque Le Triomphe de Napoléon, peinte par Giovani Carlo Bevilacqua (1775-1849). Elle représente Napoléon, accompagné par la Paix et la Renommée, au lendemain d’Austerlitz, victoire qui a rendu Venise à la France. Celle-ci, portant la couronne impériale, est accompagnée par L’Italie tenant en main la Couronne de Fer. Cette fresque avait été commandée par le général Baraguey d’Hilliers, qui est représenté tenant le cheval de l’Empereur.

Après cette visite exceptionnelle il y a quartier libre. Certains vont découvrir la Fenice, d’autres vont flâner et certains se rendent au Caffè Florian pour déguster un Spritz en écoutant l’orchestre Florian dirigé par Cristian Pintilie.

En début de soirée, nous regagnons la Punta Sabbioni en bateau et nous roulons vers Trieste pour nous installer à l’hôtel San Rocco, situé dans la marina de Muggia.

Le jeudi 8 septembre, nous quittons Muggia pour Trieste où, sous la Restauration, se réfugièrent Jérôme, Caroline et Elisa Bonaparte, ainsi que Joseph Fouché. C’est encore une belle journée ensoleillée qui s’annonce et à la gare de chemins de fer nous rencontrons Chiara, notre guide locale.

Nous commençons par nous rendre en autocar sur les hauteurs de la vieille ville, à la cathédrale San Giusto de Trieste. Construite du XIe au XIVe siècle, elle résulte de la réunion de deux édifices, l’un dédié à la Vierge Marie et l’autre à San Giusto. Frappé par la loi d’exil du 12 janvier 1816, Fouché se réfugia à Trieste et y mourut d’une pleurésie le 26 décembre 1820. Ses funérailles se déroulèrent le 28 à la cathédrale San Giusto et il fut inhumé à proximité avant que ses cendres ne soient ramenées en France en 1875.

Nous descendons ensuite vers le centre historique de Trieste, passons devant le théâtre romain, qui pouvait accueillir 6 000 spectateurs, et découvrons la place de l’Unité italienne. En forme de U ouvert sur la mer, c’est la plus grande place de Trieste. Au fond s’élève l’hôtel de ville et sur les côtés se dressent de beaux bâtiments à vocation essentiellement administrative et commerciale. Au milieu de la place on peut admirer la colonne de l’empereur d’Autriche Charles VI, qui fut dressée en 1728 pour commémorer sa visite ; on voit également la fontaine des quatre continents.

Tout près de la place, nous nous arrêtons devant le théâtre Giuseppe Verdi, qui fut inauguré le 21 avril 1801, sous le nom de théâtre Nuovo, avec l’opéra Geneviève d’Écosse de Simon Mayr.

Ensuite, nous retraversons la place de l’Unité italienne et arrivons au palais des comtes Brigido où Bonaparte logea les 29 et 30 avril 1797. Poursuivant notre promenade, nous nous arrêtons devant le palais Vicco où résida Fouché et où il mourut, puis nous arrivons au musée Sartorio, du nom d’une riche famille de marchands originaires de San Remo. Nous y retrouvons l’historien italien Paolo Foramitti, ami du président Ronald Zins, accompagné par quelques érudits italiens. Résidant à Udine, il connaît parfaitement l’histoire napoléonienne dans le nord de l’Italie et c’est sous sa conduite que nous visitons le musée.

Nous commençons, au rez-de-chaussée, par découvrir la gypsothèque et admirons les bustes de Napoléon, Murat et Caroline par Canova. Ils reposent sur des colonnes noires, vestiges de la villa que Caroline possédait à Trieste.

A l’étage, une salle est consacré à Napoléon et on y voit notamment un très joli déjeuner solitaire en porcelaine de la manufacture parisienne Locré-Russinger ayant appartenu au colonel d’Empire Claude Suisse, baron de Sainte-Claire ; selon la tradition familiale, il lui aurait été donné par Napoléon en reconnaissance pour ses services militaires. Engagé en 1791, à l’armée de la Moselle, Claude Suisse était capitaine aux chasseurs de la Vieille Garde en 1807 avant d’être nommé colonel du 10e régiment de voltigeurs de la Jeune Garde en 1813. Il s’éteignit en 1824.

A l’issue de cette visite très intéressante, nous prenons congé de Paolo Foramitti et de ses amis pour aller à la villa du prince Bonaparte, aujourd’hui villa Necker. Arrivé le 10 décembre 1819 à Trieste, Jérôme Bonaparte acheta cette villa que son épouse, la reine Catherine de Wurtemberg, décrit ainsi : « Jérôme y a fait l’acquisition d’une superbe maison ; elle a la vue sur tout le golfe et est entourée de berceaux de vignes. » Depuis, les constructions ont remplacé les vignes mais la villa a toujours fière allure. C’est là que naquirent la princesse Mathilde, le 27 mai 1820, et le prince Napoléon, le 9 septembre 1822, cousins de Napoléon III. En 1823, Jérôme se rendit avec sa famille à Rome et mit en vente sa villa de Trieste, qui fut acquise par François de Necker.

Après cette matinée riche en découvertes napoléoniennes, nous déjeunons sur le front de mer, Riva Nazario Sauro, près de la place de Vénétie où se dresse une magnifique statue de Maximilien de Habsbourg. Inaugurée en 1875, en présence de l’empereur d’Autriche François-Joseph, la statue représente Maximilien en uniforme d’amiral car il fut en effet commandant de la flotte autrichienne en Méditerranée avant d’être empereur du Mexique.

En début d’après-midi, nous nous rendons à Miramare. Après avoir longé la mer pendant tout le trajet, nous parvenons près du château, construit en pierres blanches d’Istrie, et nous finissons notre chemin à pied, à l’ombre des pins.

Né en 1832, frère de l’empereur d’Autriche François-Joseph, marié en 1857 à Charlotte de Belgique, Maximilien fut nommé vice-roi du royaume autrichien de Lombardie-Vénétie. En 1856, il avait confié à l’architecte Carl Junker la construction d’un château surplombant la mer au promontoire de Grignano et il s’y installa en 1860. Au rez-de-chaussée se situent les appartements privés des souverains et à l’étage sont les salles d’apparat.

Peu de choses ont changé dans le château de Miramare depuis sa construction, la visite est passionnante. Ce château est celui des jours heureux pour Maximilien et Charlotte dont la vie bascula quand Maximilien accepta de devenir empereur du Mexique. Arrivé en 1864 à Mexico, son règne fut tourmenté et marqué par l’opposition armée menée par Juarez. Refusant de suivre le corps expéditionnaire français qui rentrait en Europe, Maximilien fut capturé à Queretaro où il fut fusillé le 19 juin 1867 (voir notre reportage du voyage au Mexique en 2013).

Après la visite des appartements, nous pouvons flâner dans les jardins, puis nous regagnons Trieste où nous avons un peu de temps libre. Chacun se promène à son gré et après un apéritif le long du Canal Grande, nous dînons au même endroit avant de regagner notre hôtel à Muggia.

Le vendredi 9 septembre, nous quittons l’hôtel San Rocco et roulons vers Campoformido où nous retrouvons Paolo Foramitti qui nous explique par le détail l’histoire du traité de paix de Campo-Formio. Son exposé est en plein air, dans le square au centre du village et dans lequel se trouve une reproduction en taille réduite de la statue située Piazza Libertà à Udine.

Ensuite nous sommes reçus très chaleureusement par Françoise Faure, propriétaire de la Trattoria al Trattato, qui occupe le bâtiment dans lequel le traité de paix avec l’Autriche a été officiellement signé.

Nous poursuivons par la découverte de la villa Manin à Passariano. Résidence du dernier doge de Venise, elle fut occupée par Bonaparte du 25 août au 25 octobre 1797. C’est aujourd’hui un centre d’art contemporain mais on peut encore voir la chambre occupée par Bonaparte. Les bâtiments sont imposants et les décors des appartements sont remarquables.

En fin de matinée nous prenons la route pour déjeuner à Noventa di Piave, puis nous nous rendons sur le champ de bataille de Rivoli, victoire de Bonaparte le 14 janvier 1797. Dans le village, situé sur le plateau qui domine la rive droite de l’Adige, l’église n’a pas changé depuis la bataille et Bonaparte utilisa le clocher comme observatoire. En avant du fort Wohlgemuth, qui se dresse à l’extrémité nord du plateau et qui n’existait pas en 1797, se trouve le monument commémoratif de la bataille de Rivoli. Il faut prendre l’autocar pour s’y rendre, puis cheminer à pied et longer un vignoble pour enfin gravir le tertre couronné par le monument. Il a été construit en 1967 par le Souvenir français pour remplacer le monument érigé sur ordre de Napoléon en 1806 et détruit par les Autrichiens en 1814 ; de ce dernier il subsiste quelques chapiteaux à même le sol. A cet endroit tout proche de l’Adige la division Joubert a livré de furieux combats contre les troupes d’Alvinczy et le monument recouvre un ossuaire. Le paysage est grandiose. Rivoli et le monument français sont dominés par les montagnes et notamment par le Monte Baldo à l’ouest et le Monte Calcarole à l’est.

En fin d’après-midi nous reprenons la route en direction de Milan où nous arrivons tardivement pour nous installer au Una Hôtel Scandinavia, très confortable et situé dans un quartier animé, près du parc Sempione.

Le samedi 10 septembre est consacré à Milan et à Monza. Nous commençons par une visite du château Sforza, l’ancienne citadelle de Milan, dont Bonaparte ordonna le démantèlement après sa victoire à Marengo. Il décréta la construction du Forum Bonaparte, qui déboucha sur la création du parc Sempione où s’élève aujourd’hui l’arc de la Paix. Commencé sous l’Empire, la chute de Napoléon stoppa les travaux. Ils furent repris en 1826 par la volonté de l’empereur d’Autriche, qui en fit un arc de la paix et non plus un monument à la gloire de Napoléon. Mais la campagne d’Italie de 1859, où la France et le Piémont vainquirent l’Autriche, permit de réattribuer cet arc de triomphe à Napoléon par la dédicace figurant à son sommet : « Aux espoirs du royaume d’Italie inauguré par Napoléon Ier, les Milanais dédièrent cet arc l’an 1807 et, libérés de la servitude, le restaurèrent heureusement l’an 1859. »

Nous nous rapprochons ensuite du centre ville pour visiter la célèbre Scala de Milan où, le 23 mai 1805, Napoléon assista à l’opéra Lodoïska de Simon Mayr. Nous pénétrons dans les loges de la salle de spectacle dans laquelle ont lieu les répétitions de La flûte enchantée de Mozart, puis nous visitons le musée qui contient une collection exceptionnelle d’objets, bustes, tableaux, partitions… consacrés aux artistes s’étant produits à la Scala ou dont les œuvres y ont été interprétées. On y voit des portraits de Talma, de Spontini, des bustes de Verdi, Rossini et Wagner, et bien d’autres merveilles.

Pour finir, nous rejoignons le Duomo, la cathédrale de Milan dans laquelle Napoléon fut couronné roi d’Italie le 26 mai 1805 et où il ceignit symboliquement la Couronne de Fer. Une cérémonie est en préparation pour l’après-midi et l’accès n’est pas facile, mais une fois à l’intérieur on découvre une cathédrale merveilleuse.

Après le déjeuner, nous allons à Monza pour voir la Couronne de Fer. Dans la cathédrale, nous pénétrons dans la chapelle de la reine Théodelinde, décorée d’un cycle de fresques de style gothique attribuées aux Zavattari, une famille d’artistes italiens du quattrocento.

Au centre de la chapelle, un autel néogothique supporte un tabernacle dans lequel est conservée la Couronne de Fer. Lorsqu’elle est extraite nous sommes littéralement émerveillés par sa beauté. Elle aurait été réalisée en 591 sur ordre de la reine Théodelinde de Bavière. Elle est constituée d’un bandeau gemmé et d’un cercle de fer qui, selon la tradition, aurait été forgé avec un des clous ayant servi à la crucifixion du Christ.

Après ce moment fort de notre voyage, nous gagnons la Villa Reale qui était l’une des résidences d’Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie. Les appartements ne conservent plus beaucoup de traces de son passage et le mobilier est postérieur à son époque, mais le palais ne manque pas de charme.

Le dimanche 11 septembre nous quittons Milan pour Turin où nous visitons le fantastique musée égyptien. Il est situé dans le centre historique de la ville et présente la collection la plus importante au monde après celle du musée du Caire.

Le musée trouve son origine dans l’acquisition par le roi Charles-Félix, en 1824, d’une partie de la collection de Bernardino Drovetti, que Louis XVIII avait refusée. Drovetti, soldat de l’expédition d’Egypte, fut nommé consul de France en Egypte en 1802 et se constitua une collection incomparable. Il suffit de voir la galerie des rois pour s’en convaincre. On peut y admirer des statues exceptionnelles comme celles des pharaons Horemheb, Thoutmosis III, Ramsès II, Thoutmosis Ier, Amenhotep II et Séthi II, ou encore celles des dieux Ptah ou Sekhmet.

Après une visite guidée le matin, nous déjeunons au coffe shop du musée (un excellent repas) et chacun profite d’un temps libre pour poursuivre la visite à son gré ou pour aller au musée du Risorgimento tout proche.

A seize heures, nous reprenons la route et nous dirigeons sur Nice où nous parvenons vers vingt heures. C’est le moment de la dispersion de notre groupe après un voyage intense sur les pas de Bonaparte et de l’armée d’Italie.

Ils étaient en Italie avec l’Académie Napoléon :

Didier Asin
Alexandre et Edwige Baury
Joëlle Bédel
Eliane Berberat
Dominique et Céline Billiard
Marc et Anne Bisson
Daniel et Jeanine Boisson
Michel et Françoise Bon
Marcel et Renée Bonniaud
Jean-Pierre Bourgeois
Richard Delannoy
Gérard et Colette Descotes
Robert et Léni Dubois
Bernard et Josiane Guéret
Pierre Honhon
Marie Mailho
Jean-Michel Mayer
Emmanuel et Nicole Poucet
Maurice Vapillon
Ronald Zins

Ont contribué au reportage photos : Ronald Zins, Michel Bon et Jean-Michel Mayer